Musique : "Fragile Heart - My Heart will go on" - George Davidson
C'est l'été à Budapest et il fait déjà chaud ce matin. Hannah ouvre les volets de la chambre et laisse entrer les parfums de la terre humide de rosée. Cela sent si bon... Aucun bruit ce matin dans la maison pour la distraire de ses pensées. Comme à son habitude, Hannah enfile son long peignoir en soie blanche et le sent glisser sur son corps comme une caresse. Elle dénoue la tresse de ses cheveux et les brosse longuement pour les faire briller. C'est pour elle un rituel. Chaque matin à travers ce geste, elle oublie ainsi les cauchemars qui la tiennent si souvent éveillée la nuit et qui lui rappellent les baisers de Etane, depuis longtemps oubliés.
Etane n'est plus dans la grande maison. Peu à peu il a arrêté de parler et d'écrire. Il s'est muré dans un silence qui l'a englouti. Avant, il avait son art, son écriture, et puis, lorsque l'art ne l'a plus nourri, que sa main a arrêté d'être le reflet de ses pensées, il est parti. Hannah lui a offert son cœur et aussi son corps pour le garder, mais il était déjà bien trop tard. Etane ne la regardait plus. Alors Hannah est restée seule avec Ada dans la maison sur la colline d'où l'on voit si bien le Danube. Elle a encore une fois regardé le fleuve qu'elle aimait tant contempler avec Etane lors de leurs promenades d'amour, ce fleuve qui transporte avec lui la vie ou la mort, et a décidé, ce jour-là d'été à Budapest, de rester dans la vie.
Hannah sait que la vie est un cadeau que l'on se fait bien avant de naître ; une sorte de boîte à surprises qui se dévoile parfois en moins -et l'on pleure-, parfois en plus -et l'on rit-. Elle sait aussi que dans la vie, même si les larmes coulent beaucoup trop souvent, la joie efface toujours les pleurs et Hannah connaît le secret du bonheur.
Elle sait aussi que lorsque l'on s'incarne sur la terre, on quitte son groupe d'âmes, dans l'univers des âmes, mais qu'on le retrouve toujours entre chaque vie. Parfois même, certaines d'entre elles nous accompagnent et naissent en même temps que nous. Pour les retrouver, ce n'est pas difficile. Elles ne sont jamais très loin. Il suffit de les chercher mais pas très longtemps en général. La vie sait parfaitement le faire pour nous. Lorsqu'on les voit pour la première fois, on les reconnaît immédiatement et elles aussi nous reconnaissent. Ce sont parfois des hommes, parfois des femmes avec des corps parfois jeunes parfois vieux ....
Le temps n'a pas d'importance dans l'univers des âmes. C'est parfois un mari, un amant, un frère, une sœur, une mère ou un père ...
On les appelle "âmes sœurs" ou "âmes jumelles" ou "double" dans le langage des amoureux. Entre ces âmes, ces personnes sur terre, se développe soudain un sentiment si fort et si absolu qui fait que l'autre devient alors une partie de soi-même. On peut lire dans les pensées de l'autre et à l'inverse, l'autre peut lire dans les nôtres. On devient alors inséparable sur la terre comme on l'était auparavant, dans l'univers des âmes. On communique au-delà des mots et les mots n'ont plus d'importance, même si parfois, ce ne sont pas des mots doux et gentils ... Ce sont les maux/mots de la terre et ils n'ont aucune importance lorsque l'on est "âmes sœurs".
Alors pour cultiver le secret du bonheur, Hannah est parti à la recherche de ses âmes. D'ailleurs elle croit bien les avoir trouvées. Mais cela on ne peut jamais en être tout-à-fait certain... On sait si peu de choses sur cette terre...
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