Musique : GIOVANNI - Adiago in D Minor
Ada ouvre les yeux dans la pénombre du matin. Elle tend la main pour se serrer contre Hannah mais la place est vide à côté d'elle et les draps sont tout froids. Elle se blottit sous les couvertures et referme les yeux. Elle aimerait bien se laisser glisser à nouveau dans ses rêves mais les lueurs du jour pointent par la fenêtre et les souvenirs de la nuit remontent doucement à sa mémoire. Elle se frotte les yeux et fait glisser ses jambes sur le bord du lit. Elle pose ses pieds sur le sol. Le parquet est froid et pique un peu la peau. Elle étire doucement ses membres et ouvre la porte.
Tout est calme et à sa place. Plus rien sur le grand escalier au tapis rouge, retenu par des glands en laiton doré aux extrémités de chaque marche. Tout a été rangé et nettoyé. En se tenant aux barreaux de la rampe, Ada descend jusqu'au vestibule de l'entrée.
Au fond du couloir, à droite, il y a la porte de la cuisine. Ada aime bien y aller le matin. Il y fait chaud ; d'ailleurs c'est le seul endroit de la maison où on n'a pas froid. Tous les matins, Hannah met des bûches dans le fourneau et prépare le petit déjeuner : un bol de thé, parfois de lait, accompagné d'un morceau de pain. Avant, elle aimait bien la confiture, mais il n'y en a plus aujourd'hui. Alors, elle se rappelle du délicieux goût du sucre qui glissait sur sa langue lorsqu'elle était petite et que tout allait bien ; mais tout cela, c'était avant...
Ce matin, il y a des bruits de voix dans la cuisine. Ada adore la nouveauté. La routine l'ennuie et d'ailleurs, elle sait très bien comment lui échapper. Il suffit pour elle de s'envoler dans ses rêves, dans l'univers des âmes. Là-bas, elle va chercher son âme jumelle, son double et elle l'amène sur terre pour jouer avec elle. Ada n'aime pas trop la solitude et avec ce compagnon, ou parfois cette compagne, c'est si facile de s'amuser. C'est un peu comme si elle se parlait à elle-même ...
Ada ouvre la porte. Hannah est là, entourée de personnes inconnues et un petit garçon la regarde fixement. Assis sur une chaise devant un bol de lait, ses cheveux blonds hirsutes entourent un visage grave. Ses yeux bleus clairs transpercent les siens jusqu'à son âme. Il se lève et se dirige vers elle. "Adam, je m'appelle Adam et toi ? ". "Moi, c'est Ada", répond-elle. "Alors si tu veux, on peut être amis "...
Sans un mot, Ada a pris Adam par la main et est sortie de la cuisine. En haut de l'escalier, il y a sa chambre, un peu froide en hiver mais il y fait si bon jouer... Et puis aujourd'hui, elle n'a plus besoin d'aller chercher de compagnon de jeu très loin, là-haut ; il est avec elle, en vrai, dans sa maison.
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