top of page

Vous aimez ?

Vous pouvez recevoir un mail de notification des mises à jour en vous abonnant  

La vie de Ada - Récit 19 - Raphaël -



Concerto en ré mineur - Adagio d'après Marcello - Piano & Violon


Cette après-midi, il fait très beau à Budapest. Ada a joué toute la journée dans le jardin avec Adam, son compagnon de jeu préféré -en dehors de Venus bien sûr, qui regarde tout cela d'un regard de chat très détaché-. Les arbres et les taillis du parc qui entourent la maison, offrent de merveilleuses cachettes qui nourrissent son imagination de petite fille. Ada devient alors l’héroïne des contes de fées que lui raconte parfois Hannah, le soir, avant de dormir. Elle a bien essayé de faire de Adam son prince charmant, mais il est bien trop petit et ne comprend pas toujours ce qu'elle lui demande de faire. Lorsqu'elle insiste un peu, il se met alors pleurer et rentre chercher la consolation des bras de Sara. Ada, elle, n'a pas besoin d'être embrassée ni réconfortée. Elle sait très bien se débrouiller toute seule, y compris lorsqu'elle est triste, quoique ... Depuis quelques mois, elle observe avec grand intérêt le seul homme de la maison, et ce n'est pas ce bébé de Adam qui peut soutenir la comparaison. Lui c'est un vrai homme, et puis il est si grand et si beau !


Cinq mois déjà depuis l'arrivée de Raphaël dans la maison, par cette glaciale nuit de décembre. Avant, il habitait dans une grande bâtisse, héritée de ses parents et de ses grand-parents, située dans le cœur de la ville. Depuis la mort de sa femme, dès le début de la guerre, il y vivait seul. Le soir, il s'asseyait devant le grand piano à queue du salon et jouait pour oublier sa tristesse.


Et puis, il y avait eu cette terrible journée d'hiver où les soldats avaient fracassé la porte de l'entrée. Il avait été chassé comme un animal, et amené, avec d'autres, dans la grande maison sur la colline, qui surplombe le Danube. Durant les premiers mois, il avait été comme amnésié. Il ne ressentait plus rien et nulle parole, nul sourire ne pouvaient sortir de ses lèvres. Et puis, il y avait eu des jours, et puis, il y avait eu des nuits, et, soudain, il avait eu une petite fille, prénommée Ada.


Un soir, il avait senti une main prendre la sienne. Il avait baissé la tête et vu une petite fille qui le fixait de son étrange regard. Sans rien dire, elle avait ouvert la porte du salon et l'avait poussé à l'intérieur de la pièce. Elle avait avancé un fauteuil et lui avait demandé de s'asseoir. Hannah était devant lui, ses longs cheveux auburn retenus par un ruban de velours. Elle jouait du violon. Elle avait les yeux fermés et seule la main qui dirigeait l'archet était la preuve de la vie qui coulait en elle.


Raphaël avait alors ressenti la musique emplir à nouveau ses veines et des larmes avaient coulé sur son visage. La musique était toujours là, en lui. Il pouvait continuer à vivre et puis, il y avait cette drôle de petite fille qui dansait autour de lui ...

98 vues
bottom of page