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La vie de Ada - Récit 24 - La douleur de Sara -



Musique : Braveheart Theme


Le mois de mai s'étire en cette année 1943 à Budapest. La maison et ses habitants semblent figés dans une lancinante immobilité, ponctuée parfois par les rires des enfants. Sara s'est réveillée tôt ce matin, la lèvre enflée des suites d'une chirurgie dentaire, effectuée la veille dans un cabinet de la ville. Habituée depuis son enfance à aider sa famille, elle a très tôt appris à utiliser la force de son esprit pour apporter des soins, aux autres, souvent, mais aussi parfois, à elle-même.


Sara connaît parfaitement le corps humain. C'est à travers lui qu'elle reconnaît l'âme qui s'y est incarnée. Un regard rapide de ses yeux de porcelaine lui suffit à tout comprendre ; ce qui ne fonctionne pas et ce qui fait souffrir. La douleur, elle la connaît et elle sait parfaitement comment la combattre. Lorsque son corps décèle la moindre souffrance, elle met en place, immédiatement, instantanément, l'antidote qui lui est nécessaire. Pour Sara, il n'est nul besoin de médecine. Ses médicaments à elle, c'est la force de son esprit. En quelques heures, tout s'apaise et la vie peut alors continuer.


Sara sait que lorsque le corps est dans la souffrance, il faut le mettre au repos et oublier l'enveloppe si lourde qui nous porte lorsqu'on arrive sur la terre. Elle sait aussi que, pour s'en détacher, l'oublier quelques heures, quelques jours ou parfois quelques semaines lorsque c'est nécessaire, il suffit d'appeler son âme et lui rappeler la place qu'elle occupait, immense, rayonnante, libre, avant de s'incarner sur notre univers.


Là-bas, le corps n'existe pas. Lorsqu'on le laisse sur terre, comme une enveloppe usée qui ne sert plus à rien, l'âme s'en échappe et prend la forme d'un corps de lumière. Il est parfois beau et éclatant, parfois gris et terne. C'est juste un reflet, comme un miroir : la représentation de nos réalisations sur terre à travers le contrat, passé avec son âme, il y a longtemps, pour parler en années de cette terre.


Sara est une Amazone et le combat avec la souffrance, elle le connaît parfaitement. Parfois, c'est le corps qui gagne et il guérit, mais c'est pour expérimenter d'autres douleurs de la terre. Parfois il perd mais redonne à l'âme sa liberté et retrouve enfin sa forme de lumière.


Alors ce matin à Budapest, Sara s'est regardée dans le miroir et a observé le renflement de sa lèvre supérieure qui pulpe légèrement sa bouche. Finalement et à bien y regarder, c'est plutôt joli ... le corps prend parfois des formes tellement inattendues ...

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