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La vie de Ada - Récit 29 - Lorsque l'âme danse avec la vie -



Musique - Einaudi - Experience


La chaleur est écrasante en cette fin juin à Budapest. La canicule s'est installée dans la ville, doucement, systématiquement, implacablement. Elle s'est infiltrée à travers les rues, les parcs de la ville, le long du fleuve jusque dans les murs des habitations. Elle a figé les habitants dans un silence étouffant, immobile, interminable et s'est emparée de la vie dans la torpeur de l'été brûlant.


Hannah a refermé la porte de sa chambre pour allonger son corps douloureux, courbaturé de chaleur. Des larmes coulent sur son visage et la tristesse emplit son cœur. Son père se meurt en ce début d'été à Budapest.


Qui était-il ce père qu'elle avait choisi, il y a longtemps, bien longtemps avant de naître, lorsqu'elle était âme, au paradis des âmes ? La vie ne lui avait pas permis de le comprendre. Elle était passée, vite, très vite. Hannah avait été accompagnée sur cette terre par des sœurs, des frères, mais elle s'était sentie perdue au milieu de cette fratrie où elle ne trouvait pas de place si ce n'est au travers de ses rêves. Son père, elle n'avait jamais voulu lui montrer qu'elle existait à sa façon, si éloignée de la sienne et qui elle était vraiment. Ses pensées, elle ne les partageait avec personne. Elle se sentait loin, très loin et si différente de lui. Son père à elle, il ne la prenait jamais dans ses bras pour la cajoler ou la consoler de ses peines de petite fille, ou du moins, elle n'en avait gardé aucun souvenir.


Elle avait grandi, les années étaient passées et elle avait rencontré Etane, un des hommes de sa vie. Et puis, il y avait eu ce jour de mai où Ada était née et là tout avait changé entre elle et lui. Ada avait été, durant quelques années, son rayon de joie, son rayon de vie. C'est à travers cet enfant qu'il avait un peu retrouvé sa fille, Hannah. Leur éloignement s'était doucement mué en douce chaleur et, peu à peu, Hannah avait appris à lire dans le silence de ses mots et de ses gestes.


Très vite aussi, elle avait compris la souffrance qui habitait en secret, son âme et son corps. Assis durant des heures, les yeux fermés, il se perdait dans le monde d'un désespoir qui n'appartenait qu'à lui. Là où il allait, personne ne pouvait le rejoindre. La vie devenait sombre et lourde tout comme son corps. Personne ne lui avait jamais appris à l'aimer. Hannah avait alors compris une leçon parmi celles de sa vie et qu'on ne peut donner ce qu'on n'a jamais appris à recevoir.


Elle connaît aussi le poids du corps et combien il est parfois difficile de le porter. Elle sait aussi que l'âme danse avec la vie et que c'est toujours elle qui gagne, même à travers la mort. Il suffit pour cela de lâcher le corps de souffrance pour qu'elle puisse enfin déployer ses ailes et qu'elle s'envole comme une bulle légère et libre, pour rejoindre les âmes qui l'attendent, au paradis des âmes.


Alors, en cette étouffante journée à Budapest, Hannah a fermé les yeux et a commencé le voyage. Elle le connaît parfaitement et sait qu'il commence toujours par l'ouverture du cœur. Elle a pris les mains de son père entre les siennes et les a serrées de toutes les forces de son amour. L' âme de lumière a alors quitté la vieille enveloppe usée, qui ne sert que sur la vie sur cet univers, et est partie rejoindre celle qu'il avait toujours aimée, partie bien avant lui, il y a quelques années, pour parler en temps de cette terre ...

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