Lorsque Ada glisse sa main dans celle de sa mère, elle est transportée dans un monde de bonheur. La main d'Hannah est douce et chaude. Elle enserre et caresse si doucement que lorsque quelque chose ne va pas, cette main lui fait tout oublier ; ce qui fait mal, au corps ou à l'âme.
Cette main, c'est comme une extension de la sienne. Elle la connaît parfaitement. Ada sait qu'elle peut la conduire instantanément à l'Essence de l'Art et plus précisément au paradis de la musique. Lorsqu'elle la prend entre ses doigts, les mélodies s'écrivent immédiatement et s'envolent dans sa tête. Ada ne connaît pas le solfège mais son oreille lui dicte exactement comment jouer et ce qu'elle doit jouer. Dès qu'elle entend la musique, elle se met à fredonner des notes, cours dans sa chambre, s'empare de son violon et laisse alors, avec délectation, échapper les notes de ses pensées.
Son premier violon, Hannah lui a offert à sa naissance. Elle l'a accroché au-dessus du berceau, comme certains accrochent un chérubin. Ada n'a jamais joué à la poupée comme les petites filles qu'elle côtoie parfois dans le voisinage. Elle, ce qui lui plaît, c'est jouer du violon. Elle n'a jamais appris à manier l'archet, elle sait le faire et cela depuis sa naissance.
Hannah lui a donné la vie et avec elle, l'Essence de la musique.